Préambule : Je démarre avec cet article une série « Reconversion ». Je vous donnerai mon retour d’expérience sur ma propre reconversion professionnelle au travers d’articles, de temps en temps …
Il y a maintenant presque deux ans que je suis Docteur en Biochimie. À l’époque, bien qu’extrêmement fière d’être allée jusqu’au bout de mes études, je commençais déjà à me poser quelques questions sur ma motivation dans ce métier.
Je voyais autour de moi tellement de personnes passionnées de Sciences, acharnées au travail, parlant et vivant Sciences en quasi non-stop … que quelque part je me sentais illégitime.
Je me rappelle très bien des réactions qu’avait suscité une amie qui savait dès le début de sa thèse qu’elle n’allait pas poursuivre en sciences. Certaines personnes (moi y compris je l’avoue) n’avaient pas hésité à dire qu’elle volait la place d’autres personnes méritantes, qui ont réellement la passion. C’est vrai. Mais, je le sais maintenant, elle n’est en aucun cas fautive. C’est le système actuel de sélection qui est ce qu’il est … Mais ça c’est une autre histoire.
Je me rappelle aussi parfaitement d’autres réactions face aux reconversions de jeunes docteurs. « Quel gâchis ! Toutes ces années d’études pour rien ??? »
Je me suis donc mise en tête que non, je ne devais surtout pas décevoir toutes ces personnes…
Pour remettre les choses dans leurs contexte, pour devenir Docteur en Biochime il y a minimum 8 ans d’études à suivre : 3 ans de Licence, 2 de Master et 3 de doctorat (la fameuse thèse). Durant la thèse, l’étudiant a un statut particulier d’étudiant salarié. La thèse est un CDD de 3 ans en gros, le thésard gagne plus que le smic en général, est toujours étudiant mais pas pour tous les organismes (adieu CAF, la banque …). D’ailleurs, il est très difficile encore aujourd’hui de faire comprendre aux thésards qu’ils sont de jeunes cadres, que la thèse est leur première expérience professionnelle qu’ils peuvent réellement valoriser sur leur CV. Mais tout ça, dans la tête des « non-initiés » (y compris la famille) ça n’existe pas, ils restent d’éternels étudiants.
Dans ce contexte, il est difficile d’oser s’avouer que tout ça n’est pas fait pour nous… Après toutes ces années d’études, autant finir non ? Et puis, qu’est-ce qu’on pourrait faire d’autre quand on a passé 8 ans à se former à ça ?
Le pire, je l’ai entendu pendant mon post-doc (contrat CDD après le doctorat, littéralement « après le doctorat ») : « C’est comme ça que tu remercies toutes ces personnes qui ont investis en toi, en ta formation ? » Comment ne pas culpabiliser après de tels propos …
Pendant ce post-doc, je me suis rapidement rendue compte qu’effectivement, je n’avais toujours pas le feu sacré. Je n’étais pas mauvaise, mais pas excellente non plus.
Déjà, je ne voulais en aucun cas passer le concours pour devenir Chercheuse (Chargé de Recherche). À la limite celui pour devenir Ingénieur de Recherche ? Mais là encore, je n’avais absolument pas le bon dossier, ni le bon piston … Et je n’étais pas partie à l’étranger après mon doctorat (sacrilège chez les scientifiques !). Je commençais à chercher dans des boîtes privées mais sans grande conviction … Personne n’irait me proposer un CDI et je ne comptais pas galérer longtemps, enchaînant CDD sur CDD …
J’avais réalisé une chose : ce qui me plaisait dans mon métier, c’était surtout d’aider les autres. Les soutenir, leur apprendre, avoir des stagiaires, montrer une technique à des collègues … Les aider sur un plan psychologique. Faire du social en gros. Se reconvertir ? Ça me faisait bien trop peur …
Je me sentais coincée, apeurée … marchant, voir courant, vers un avenir qui allait me faire tomber d’une falaise …
Alors j’ai pris mon courage à deux mains. Malgré mes études, malgré l’avis de mon entourage, malgré mon très bon salaire … J’ai franchis le pas.
Jennifer
Merci pour ce retour 🙂
Il est vrai que de plus en plus de personnes dans les carrières scientifiques veulent se reconvertir et malheureusement, elles sont soit incomprises, soit ignorées…
Pour autant, ce phénomène ne concerne pas uniquement les Sciences. Notre société nous encourage par la précarité de ses postes mais un retour d’intérêt au bien-être joue aussi ce rôle ! Nous ne sommes plus uniquement en recherche d’un confort de vie mais également d’une sérénité et je trouve ça assez merveilleux. C’est pourquoi je l’encourage à ma façon, par ces témoignages, conseils ou massages 😉
Bravo Jennifer 🙂